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samedi 30 janvier 2010

Tu te laisses aller !, par Sandrine Blanchard

'est la maladie chronique de notre époque. Celle qui inquiète les ministères de la santé de multiples pays à cause de chiffres en constante progression. Multifactorielle, elle puise ses origines dans la génétique, la sédentarité, la modification de l'alimentation et des modes de vie. L'obésité est devenue un véritable enjeu de santé publique. Christophe Barbier, lui, a trouvé la raison de ce fléau : "le manque de volonté" des individus. La semaine dernière sur Internet, dans l'un de ses éditos vidéo intitulé "Obésité, à qui la faute ?", le directeur de la rédaction de L'Express a livré son diagnostic.


Selon M. Barbier, Air France "a raison" d'envisager de faire payer deux places aux obèses. Pourquoi ? Parce qu'"il faut distinguer dans notre vie collective ceux qui sont 100 % victimes d'un handicap et ceux qui peuvent avoir une part de responsabilité. Il y a des obèses qui le sont à leur corps défendant. C'est génétique, c'est une maladie. Ils ne peuvent pas faire autrement. Et puis il y a ceux qui paient le prix de comportements dérégulés. D'un manque de volonté, d'un manque de violence qu'on se fait à soi-même pour que son personnage, son corps, ne crée pas des problèmes à la collectivité, notamment dans les transports en commun."

Il est mince, hyperactif et sûr de lui, M. Barbier. Il admet juste que "ce n'est pas évident de distinguer l'obésité subie de l'obésité dont on est responsable". Mais il n'en démord pas : "Il faut que la société regarde en face ce qui relève de l'état de victime - on a subi quelque chose et la société est solidaire - et ce qui relève de l'état de responsable - on n'a pas su, par manque de volonté, par dérégulation de son régime alimentaire, échapper à cette fatalité." Tu te laisses aller, c'est bien fait pour toi !

Ah, comme tout serait plus simple si tout le monde avait un poids et une taille moyens ! Ras le bol de ces gros et ces grosses qui prennent trop de place alors que - c'est bien connu, c'est si facile - un petit régime et un peu de sport suffisent. Cet édito désespère les endocrinologues et les spécialistes de la nutrition, qui sont, chaque jour, confrontés à la souffrance de ces personnes en surpoids. "C'est consternant et insupportable d'entendre cela, résume le professeur Arnaud Basdevant. C'est un raisonnement purement économique, basé sur une vision moralisatrice et normative appelant au retour à l'homme idéal."

Les asthmatiques n'ont qu'à aller vivre à la campagne, les alcooliques et les fumeurs n'ont qu'à se raisonner, les séropositifs n'avaient qu'à prendre leurs précautions, les diabétiques n'avaient qu'à pas manger trop de sucre, etc. Et peu importent les facteurs environnementaux, sociaux, sociétaux et psychologiques des maladies chroniques. Vive les "y a qu'à" et le chacun pour soi. Reste aux obèses à demander un certificat médical pour savoir si leur poids est subi ou voulu, et aux médecins à juger si leur patient a suffisamment de volonté ! Fastoche !

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