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vendredi 27 mars 2009

Permanence des soins en zone rurale

En l’absence de contradicteurs, la ministre de la santé Roselyne Bachelot est venue saluer lundi à Neuchâtel-en-Bray la coopération public-privé en place depuis 9 mois entre le Centre Hospitalier, la Clinique de l’Europe à Rouen et des médecins généralistes locaux.

Alors que son projet de loi “Hôpital, santé, patients et territoire“ a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 18 mars, la ministre a fait l‘éloge du décloisonnement des médecines sur la base d’une mutualisation des moyens. « J’ai voulu bâtir cette loi avec ce qui avait bien marché sur le terrain dans un des systèmes de santé les plus centralisés au monde », a rappelé la ministre à l’attention de « médecins qui ont soif de travailler entre eux dans une stratégie gagnant gagnant ». Pour la permanence des soins en milieu rural « il ne faut pas avoir peur des collaborations (public privé ndlr), au service d’une offre décloisonnée, territorialisée et démocratisée », a insisté Mme Bachelot en rencontrant les équipes médicales.

Pour un territoire de 9 cantons (71.000 habitants) dont la population est éloignée de 30 à plus de 45 minutes des établissements de santé assurant une prise en charge des urgences à Rouen et Dieppe, le Centre de Permanence des Soins de Proximité (CPSP) fonctionne dans les locaux de l’hôpital de Neuchâtel-en-Bray depuis juin 2008. Le CPSP, ouvert 24h/24 et 365 jours par an regroupe en un seul dispositif deux structures qui lui préexistaient : un centre d’accueil et de premiers soins et une maison médicale de garde.

Depuis sa nouvelle appellation, le centre a enregistré 8.158 passages (23 passages les jours ouvrés, 38,5 les jours non ouvrés et 6 pour les nuits). Ces passages proviennent pour environ 40% de la régulation du centre 15. Ils correspondent à des consultations et des actes de petite urgence relevant pour 55% de la médecine générale. « Le centre repose sur une dynamique d’acteurs locaux engagés depuis 1997. Il est sécurisé juridiquement et financièrement, il est solide avec 37 généralistes (45 sur le bassin) et contribue à rendre ce territoire attractif pour les professionnels de santé, alors qu’il ne l’était plus il y a 10 ans », se félicite le directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARH) Christian Dubosc qui a néanmoins confessé à la ministre quelques « difficultés dans le créneau nuit profonde ».

Le « seul » point noir à peine esquissé par le maire de Neuchâtel-en-Bray Xavier Lefrançois (DVD) a été l’absence persistante sur zone d’un service d’urgence (SMUR) disparu « faute de médecins urgentistes ». Le partenariat public privé se décline dans le centre par des consultations ou « avis » en télémédecine (radiologie) avec la clinique de l’Europe. « La collaboration est très favorable et en période de pénurie (de médecins), personne ne se marche sur les pieds » a souligné le directeur de la clinique Dominique Poels. Deux autres conventions de ce type ont été mises en place en Haute-normandie à Lillebonne et à Fécamp.

L’opposition annonce « l’avis de décès » de l’hôpital public
Ce partenariat ne faisait pas recette près des personnels de santé en grève le 20 mars, personnels qui dénonçaient « l’avis de décès » de l’hôpital public « livré au Medef et à la spéculation financière. « Des pans entiers du service public vont être confiés au privé lucratif. Une fois de plus l’argent public, le vôtre, le nôtre va au secteur lucratif alors que le public est asphyxié », pouvait-on entendre chez les manifestants. « Le service public hospitalier va souffrir de la découpe en missions de services public et les établissements privés risquent d’assurer les missions qui leur seraient les plus lucratives laissant les autres à l’hôpital public et aux urgences. Le problème de désertification médicale n’est pas réglé et la prévention est bâclée », commente également Sandrine Hurel ; députée et conseillère générale (PS) de Dieppe.

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