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samedi 7 février 2009

Hôpital : « Le risque zéro n'existera jamais »

La question des soins à l'hôpital et de leur qualité en suscite d'autres. Pierre-Charles Pons, délégué de la Fédération hospitalière française, apporte ses réponses.

ENTRETIEN avec Pierre-Charles Pons, par ailleurs directeur général du CHU de Dijon.

Le Bien public.- La vocation des urgences est-elle toujours la même ?

Pierre-Charles Pons.- Accueillir des personnes qui ont besoin d'une hospitalisation. Or, comme aujourd'hui les urgences sont restées la seule lumière ouverte 365 jours par an et 24/24 heures, tout le monde vient aux urgences.

LBP.- C'est pour ça qu'il y a parfois des temps d'attente importants ?

P.-C. P.- On ne fait pas attendre volontairement et on ne peut pas refuser quelqu'un. De là, la problématique du tri se pose. On essaie de réaliser ce tri. Mais compte tenu de l'afflux, même le tri est imparfait. Ce qui parfois contribue à la caricature des urgences.

LBP.- A quoi est dû cet afflux aux urgences ?

P.-C. P.- Nous sommes dans une période où le niveau d'épidémies est élevé. D'où des situations parfois critiques. A cela il faut rajouter l'évolution du nombre des personnes âgées, sur la région, qui viennent aux urgences avec des polypathologies. C'est la traduction du vieillissement de la population.

LBP.- Comment vous adaptez-vous à cette évolution ?

P.-C. P.- Si on ne veille pas à renforcer le travail en réseau, cette situation deviendra inextricable. Je précise que le travail en réseau existe déjà, avec la médecine de ville, les maisons de retraite, les hôpitaux, les infirmières libérales. Il faut relever le niveau de coordination.

LBP.- En avez-vous les moyens ?

P.-C. P.- Les moyens existent mais il faut un renforcement ; il y a quelques efforts à faire. Il faut faire attention à la médiatisation d'un seul événement : il faut savoir prendre le temps du recul.

LBP.- Le mouvement des médecins urgentistes est-il fondé ?

P.-C. P.- L'hôpital dans sa globalité soigne bien les patients et les prend bien en charge, mieux qu'il y a quelques années. Après, tout est une question d'exigence. Et la problématique des flux de patients s'est élevée. D'où notre obligation de réorganisation. Aujourd'hui, on est dans une organisation qui n'est plus tout à fait adaptée à la situation actuelle. L'une des solutions, c'est le tri et le retour à la médecine de ville, qu'elle reprenne une place plus importante.

LBP.- Les soins dispensés sont-ils adaptés ?

P.-C. P.- Oui. Mais on voit plus ce qui ne va pas que ce qui va. Et il ne faut pas ignorer les erreurs qui peuvent être effectuées. Quant aux patients, je pense qu'il faut leur demander s'ils sont prêts à payer plus. Et n'oublions pas que nous avons des projets immobiliers en cours. Il faut leur laisser le temps de se réaliser. C'est une réponse qui s'inscrit dans la durée. On consacre beaucoup à la santé.

LBP.- Existe-t-il un démantèlement du service public ?

P.-C. P.- Tous les hospitaliers sont attachés à la notion de service public. S'il n'évolue pas, à l'image de la société, il va disparaître. On reproche aux soignants d'être moins présents auprès des malades. Il faut dire qu'ils ont aussi des charges administratives.
LBP.- Faut-il mieux expliquer les réalités de l'hôpital ?

P.-C. P.- La médiatisation est une surmédiatisation. On parle beaucoup des maladies nosocomiales ; la réalité, c'est qu'elles diminuent.

LBP.- Vous êtes donc optimiste pour l'avenir de l'hôpital ?

P.-C. P.- Une fois que les hôpitaux seront restructurés et recentrés sur leur vocation et qu'on se sera donné les outils nécessaires, je crois que l'hôpital répondra durablement aux attentes. Mais le risque zéro n'existera jamais. Ce qui va de pair avec une approche philosophique de la mort ; ce que nos concitoyens n'ont pas suffisamment. C'est une réflexion éthique avec une dimension globale, avec des problématiques médicale, sociale et économique.

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