Pénurie de moyens financiers et humains
Inquiétude pour l’hôpital public
Mise en ligne : 5 janvier 2009 La loi « Hôpital, patients, santé et territoires » est discutée ce mois-ci au Parlement. Elle suscite beaucoup d’inquiétudes, chez les professionnels de la santé comme chez les usagers. En témoigne notre dossier, qui leur donne la parole (médecins, infirmières, patients) et revient sur les principaux maux de l’hôpital public. Le secteur privé, lui, se porte bien…
L’hôpital public est malade, tout le monde s’accorde à le reconnaître, même si les avis divergent sur la cause de ses maux et les solutions pour y remédier. Sous-financé depuis de nombreuses années, il accuse un déficit cumulé de 660 millions d’euros.
Pour 2009, l’objectif d’évolution des dépenses hospitalières est fixé à 3,1 %, alors que la Fédération hospitalière de France (Fhf) réclame au moins 4,15 %. Pour équilibrer les budgets, souligne cette dernière, « les établissements devront prendre des mesures de réduction de l’emploi et de la masse salariale ». Elle chiffre à 20 000 le nombre de suppressions d’emplois nécessaires pour revenir à l’équilibre budgétaire.
Le service public démantelé
Le déficit va s’aggraver : en 2012, le secteur public appliquera les mêmes tarifs que le secteur privé. Selon la Fhf, cette convergence tarifaire, qui met les deux secteurs en concurrence, entraînera une baisse de 30 % des budgets hospitaliers, « ce qui provoquerait un véritable démantèlement du service public ».
Est-ce là le but recherché ? D’autant que, dorénavant, les aides accordées aux établissements déficitaires seront conditionnées à la signature de contrats de retour à l’équilibre.
L’asphyxie budgétaire accrédite l’idée d’un hôpital public dépensier. Or, depuis vingt ans, la part des dépenses d’assurance-maladie qui lui est consacrée n’a fait que baisser, passant de 42 à 34 %. C’est ce que constate la Cour des comptes dans son rapport 2007 : « Les dépenses des établissements anciennement sous dotation globale sont inférieures de 187 millions d’euros à l’objectif, alors que celles des cliniques privées dépassent l’objectif de 168 millions d’euros [1]. »
Un gage d’égalité des soins
L’hôpital s’appauvrit à tous points de vue : les manques budgétaires entraînent le manque de personnel, paralysent les investissements. Il est facile ensuite de constater la non-performance ou les défaillances en matière de sécurité de certains services pour réclamer leur fermeture. On va ainsi à contre-courant du besoin de proximité exprimé par les usagers – et que les progrès de la médecine (notamment la chirurgie à distance) rendent possible. Au demeurant, la pénurie budgétaire fragilise l’ensemble du système : les accidents de radiothérapie ont été particulièrement graves à Epinal et à Toulouse, mais des déficiences ont été mises en évidence dans de très nombreux hôpitaux. Et pourtant, malgré ses problèmes, l’hôpital public reste une valeur sûre plébiscitée par 81 % des Français [2]. Surtout parce qu’il permet l’égalité de l’accès aux soins. Le service public hospitalier maintient en effet ce principe alors même que les inégalités s’installent dans le reste du système.
[1] Rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale, septembre 2007, p. 88-89.
[2] Sondage Tns-Sofres publié en mai 2008.
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