
"Laisser mourir", cela ne vous dit pas quelque chose... C'est exactement ce qu'a institué en France la loi Léonetti du 22 avril 2005 après des mois de discussions avec des soignants, des historiens, des philosophes, des politiques, des juristes et des... religieux. C'est en écoutant ce qui se dit en Italie que l'on mesure l'importance du pas franchi en France dans la prise en charge de la fin de vie.
"Euthanasie inacceptable", tonne Benoît XVI, "assassinat" renchérit le ministre de la santé, "cruauté", ose M. Berlusconi. C'est au nom de la "dignité" et du "respect de la vie de sa conception à sa fin naturelle" que l'Eglise catholique a pesé pour qu'Eluana continue à être alimentée.
Mais de quelle dignité parle-t-on ? Il faut garder en mémoire le témoignage des parents d'Hervé Pierra emmuré dans un coma végétatif depuis huit ans après une tentative de suicide. Au fil du temps, sur son lit médicalisé, "sa tête s'est renversée en arrière, son corps s'est recroquevillé, ses pieds se sont tordus, ses doigts se sont crispés, ses jambes se sont repliées, son visage s'est métamorphosé".
En 2006, Hervé Pierra a été un des premiers à bénéficier de la loi Léonetti instituant un droit au "laisser mourir". La sonde qui le maintenait artificiellement en vie a été retirée. Malheureusement, ce fut six jours d'agonie insupportable pour sa famille, le protocole médical n'ayant pas prévu de sédation. Jamais il n'a été question d'euthanasie dans cette douloureuse affaire mais d'un "exemple typique d'une mauvaise application de la loi", ont reconnu des spécialistes de soins palliatifs.
En Italie, la vie semble appartenir à l'Eglise, à Dieu, "seul maître de la vie et de la mort", et peu importe la décision de la justice d'autoriser Eluana à être débranchée, et peu importe le respect de ceux qui n'ont pas la foi. L'euthanasie est ici évoquée au mépris d'une forme d'humanité. "Je suis un vieux médecin qui s'est toujours préoccupé de sauver des vies humaines. Mais maintenant je fais une chose juste. J'aide une personne à accomplir sa propre volonté, une personne sans défense qui a été trahie par tous sauf son père et peu d'autres gens", a expliqué le médecin d'Eluana. Si la vie a un sens, quel était celui de la vie d'Eluana ? Sa vraie vie s'est arrêtée sur une route le 18 janvier 1992.
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